Cartographies des pratiques d’écriture.

J’en ai passé du temps sur cet inventaire… Merci de citer vos sources.
Il permet d’y voir un peu plus clair, de faire le point sur ce qu’on pratique le plus, d’explorer ce qu’on a moins l’habitude d’enseigner : écrire pour apprendre, écrire pour explorer les différents genres littéraires et les différents types de textes, écrire seul ou à plusieurs…

Une programmation en rédaction pour le cycle 3 (conçue avec les collègues de Ziegelwasser).

Elaborée avec les collègues de l’école Ziegelwasser (Strasbourg 3), je suis assez fier d’avoir participé à leur travail… depuis le temps que je souhaitais organiser toutes les entrées possibles et surtout répartir entre les années d’un cycle le travail gigantesque à mener avec les élèves.
Elle bougera encore, c’est probable. Mais nous avons déjà bien avancé.

L’organisation des ateliers sur deux semaines

Ateliers ou chantiers d’écriture ?

Les chantiers de J. Jolibert (groupe d’Ecouen) visent l’écriture d’un texte qui sera communiqué (cela motive les élèves d’avoir un but et un destinataire).

Les ateliers, au sens où je l’entends, privilégient le processus plutôt que le résultat : on écrit pour le plaisir d’abord, on appréhende que c’est du boulot et on voit ensuite si ce qu’on a écrit mérite d’être publié, si cela peut intéresser quelqu’un en dehors de la classe. Les écrivains, sauf dans le cas d’échanges épistolaires, écrivent d’ailleurs pour un lectorat indéterminé (ou alors ce sont des coquins qui ont besoin de sous)…
Mais la démarche des chantiers comme des ateliers est la même et la lecture des écrits du groupe d’Ecouen est plus que précieuse !

Chaque période de 7 semaines, j’essaie idéalement de faire écrire à mes élèves :

  • un chantier d’écriture (4 séances de 30 min en 2 semaines env. + 2 séances de mise en forme) ou un atelier d’écriture (4 séances de 30 min en 2 semaines env.) ;
  • 6 gammes d’écriture (6 séances de 30 min) ;
  • un texte déconnecté de tout projet.

Feuille ou cahier pour son atelier d’écriture.

Si vous n’avez pas de cahier, une grande double feuille fera l’affaire et aura même des avantages !

Quelques constats après quelques années d’expérimentation :

1. L’inscription dans l’espace des temps de recherche d’idées, d’organisation de ces idées dans un plan, du premier texte, de la relecture d’extraits de textes écrits par les élèves et enfin du texte réécrit ou de la partie réécrite donne une lisibilité à la démarche.

2. La limitation dans l’espace a un rôle fondamental pour éviter les romans fleuves inexploitables pour les enseignants. Sans parler du temps à passer à la correction qui finit par écoeurer l’enseignant de faire de la rédaction.

3. De temps à autre, il faut sortir de ce cadre, de support et proposer à ses élèves des sujets décontextualisés afin d’éviter de tomber dans un activisme qui ne leur permettra pas de s’adapter à d’autres pratiques pédagogiques, à d’autres cadres d’écriture.

En dessous, vous trouverez un exemple de présentation d’un cahier utilisé lors d’un atelier d’écriture sur une chanson de Radiohead, Kid A.

Gammes d’écriture, 7 exemples !

J’ai choisi le terme « gamme » car il assume la dimension « travail » de l’écriture et parque que, comme en musique ou en sport, il faut répéter ses accords, aligner les coups droits… ce qui n’empêche pas de s’amuser.

Grâce notamment à un travail réalisé dans la circonscription de Haguenau (coucou les collègues), une banque d’exercices mis à votre disposition s’étoffe progressivement. 7 entrées ont été retenues :

Des codes de correction

Suite à un stage interdegré, réunissant des profs de collège de différentes matières ainsi que des instits de CM2, j’ai repris les codes sur lesquels nous avons réussi à nous mettre d’accord mais je n’ai pu m’empêcher de l’ajuster à mes goûts de correcteur. Malgré tout, plus les années passent et moins il y en a…

Critères d’évaluation

Avec des collègues d’Haguenau, nous avons retenu (après de nombreux échanges) pour les textes littéraires les critères suivants :

* le respect du sujet
* la cohérence de l’histoire
* l’originalité (le prof assume une part de subjectivité)
* la forme (la ponctuation ou la conjugaison par exemple, mais une ou deux compétences seulement)
* les progrès réalisés (critère utilisé en E.P.S. au collège)

Pour les textes non littéraires, le respect de la silhouette du texte (recette, fiche de fabrication…) peut remplacer la cohérence de l’histoire.

Un chantier d’écriture littéraire complet.

Atelier du petit écrivain : écrire un poème – énigme comme H. Benait.

Séance 1 : découverte du texte inducteur d’écriture et tempête d’idées

1. Lecture et décorticage de deux poèmes d’Hélène Benait extraits de Mots cachés à deviner, Acte Sud Junior, 2002.

Paysage de vacances

Ton ami m’a choisie,
A écrit quelques mots
Sur mon dos,
M’a collé dans un angle
Un petit rectangle de papier
Pour me permettre de voyager.
Et je t’ai apporté
Son message amical.
Je suis une ….. …….

Des mots bien rangés

S’il met avril avant février,
Le blouson avant le chemise,
Le toit après la cheminée,
Le potage après la friandise,
Ce n’est pas par étourderie
Mais tout simplement parce qu’il suit,
De façon très catégorique,
L’ordre alphabétique
Quand il fait son inventaire
Le …………

2. Tempête d’idée : choisir un objet, trouver 5 idées pour le décrire ou expliquer ce qu’il permet de faire.

3. Faire un plan: on demande aux élèves de classer ces 5 idées de la moins évidente à la plus facile à trouver, ce sera le plan du poème.

Séance 2 : premier texte

4. Consigne d’écriture : écris à ton tour un poème en forme d’énigme en 5 phrases maximum et ne révèle à personne l’objet à deviner !

–> Un texte pas trop long à corriger (utiliser les codes).

–> On ne sait jamais, certains élèves chercheront peut-être à faire des rimes, mais ce n’est pas l’essentiel.

Séance 3 : relecture collective de textes ou extraits choisis.

5. Relecture de deux ou trois poèmes d’élèves de la classe pour en faire ressortir des difficultés d’écriture pour la classe ou au contraire de bonnes idées à partager.

Séance 4 : séance décrochée, une gamme d’écriture.

Une séance « décrochée » en quelque sorte : on prend le temps de faire une gamme d’écriture pour préparer la réécriture, pour reprendre une difficulté d’écriture ou permettre aux élèves de réinvestir une trouvaille positive d’un camarade.

Séance 5 : la réécriture (avec critères d’évaluation définis par les élèves).

6. Faire rappeler les conseils donnés la séance précédente.

7. Quels critères retenons – nous pour évaluer notre texte ? (pour qu’il soit conforme aux attentes, bien écrits ?)

8. Réécriture individuelle le plus souvent ou en binôme ou en trio (maximum).

Séance 5 : mise en forme dans le cadre d’un chantier (le texte sort)

9. Dernières corrections en séance d’orthographe ou en informatique. Et puis, évidemment, la dernière retouche orthographique de l’enseignant lui-même…

10. Un exemple de poème écrit par une élève :

La valse

Je me cache dans une trousse
Je me promène dans un sac
Je suis rouge
Je peux piquer les feuilles
On peut me tenir par la tête
J’adore quand on me fait tourner
On fait de la géométrie avec moi
Je suis un … (6 lettres)

Dounia

11. Une expo dans le couloir, un peu d’arts plastiques…

Sur une feuille A4, on colle ou on imprime le poème devinette. En dessous, l’élève dessine l’objet réponse et le cache par un volet (collé et scotché) que le lecteur peut soulever (j’espère que c’est compréhensible).

On peut par exemple inviter la classe voisine à venir découvrir les poèmes…

Un exemple de chantier d’écriture non littéraire.

Ecrire une fiche de fabrication d’une voiture à réaction. La démarche est celle du groupe d’Ecouen.

Grandes étapes du chantier d’écriture :

Séance 1 : à quoi ressemblent des fiches de fabrication ?

Après la présentation du projet à savoir la fabrication d’une voiture et la rédaction de sa fiche de fabrication pour le journal de l’école, nous comparons les points communs et différences de trois fiches de fabrication aux silhouettes différentes.
L’objectif est de faire ressortir les grands blocs de textes des fiches de fabrication (titre, matériel, outils, étapes de construction, schémas ou illustrations).

Séance 2, voir page de gauche du premier document du dossier zippé.

1. Présentation de la voiture et inventaire du matériel et des outils (pistolet à colle présenté).

2. Réalisation d’un plan de fiche de fabrication.

Séance 3, fiche écrite par les élèves.

Idéalement, les élèves réalisent une étape de construction et écrivent la consigne qui y correspond. Idéalement seulement… car ils on trop envie de fabriquer !

Séance 4, relecture de textes ou d’extraits, voir document.

Etape déterminante, d’après moi, pour améliorer la qualité de la réécriture, plus que les commentaires de l’enseignants qui sont rarement lus il me semble !

Voir la page de droite du premier document, « on retient de… Julien, Nurdogan, Nora… »

Séance 5 : une gamme d’écriture sur le texte (silhouette d’une fiche de fabrication).

Séance 6, réécriture du seul bloc de texte appelé « Etapes de construction », (texte évalué).

Pour aider les élèves, les étapes sont d’abord énoncées oralement à tour de rôle et transcrites par l’enseignant au tableau sous forme de schémas (voir la page de droite du premier document).

Séance 7, corrections orthographiques et mise au propre en salle informatique.

Séance 8, gamme d’écriture : corriger un texte avec des codes de corrections

Une petite erreur de ma part, j’ai souligné une non erreur de conjugaison dans le texte de Benjamin.

Sans oublier les schémas vus de dessus et de dessous tracés en arts plastiques (c’est intéressant, le dessin technique !) ou par des volontaires.